Aux tréfonds des Décibulles, entre confidences d’artistes et festivaliers éméchés

Le festival Décibulles, c’est ce rendez-vous incontournable chaque année à Neuve-Eglise, où l’on retrouve tous les copains des alentours, où on se réunit tous pour trois jours de fête et de folie dans une ambiance déjantée.
C’est un moment de découvertes musicales, de rigolade, de retrouvailles, dans un cadre chaleureux, à taille humaine, où il fait bon vivre. Les paysages alentours sont sublimes, on se sent bien dans ce petit coin de verdure entre vignes et collines.

Photo @Sophigraphie

BIENVENUE AU CAMPING

• Si toi aussi tu as envie de tester le seul camping au monde où tu dors dans une pente, où tu te réveilles avec ton copain festivalier qui a roulé dans ton dos et qui t’écrases la tête dans la toile comme une mouche qui aurait volé trop près de la vitre. Si dès 7h du matin tu veux avoir l’impression d’être un légume vapeur cuit en papillote au vu de la chaleur dans ta tente.
• Si t’as envie de perdre la notion du temps, de vivre de sandwichs américains et de bières, de ne pas te laver, ou d’aller te laver au Car Wash comme les copains. D’essayer de dormir juste une heure mais de ne pas pouvoir parce que t’es avec le groupe le plus relou du camping, qui passe la nuit à gueuler dans des mégaphones, et à chanter une putain de mélodie répétitive qui rend fou tout le monde, tout en secouant les tentes.
• Si toi aussi tu as envie de passer tes journées à faire des beers pongs, à avoir des discussions existentielles, à regarder les gens passer depuis ton transat, tout en leur faisant des réflexions débiles qui parfois peuvent te valoir de te faire foncer dessus par un roux à bout de forces armé d’un marteau (le manque de sommeil est néfaste pour la santé mentale).

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• Si toi aussi, t’as envie de te balader dans ce même camping en ayant l’impression d’avoir trouvé un nouveau chez toi, d’évoluer dans une sorte de grande communauté de gens cools (sauf le mec avec le marteau). Une communauté où les gens vivent d’amour et de bières, et se baladent à moitié à poil, où tout n’est que partage, et où aucun souci ne vient altérer le ciel bleu et ensoleillé qui baigne la plaine.
• Si tu as envie de rencontrer des groupes, réunis juste pour l’occasion, dans une bonne humeur générale, de croiser plein de potes, de t’en faire de nouveaux et de finir par prendre l’apéro un peu partout. Si t’as envie de partager un melon avec un type croisé sur le chemin des toilettes. Si tu veux en savoir plus sur cette équipe élue par moi même « équipe la mieux organisée de tous les temps » qui chaque année, fait une choucroute ou une paella géante sur leur emplacement, pendant que leurs voisins défoncés sont entrain de regarder d’un œil torve la préparation du repas en mordant mollement dans leur brioche Harrys écrasée.

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• Si t’as envie de faire du Mölkky, du ventre-glisse avec des mecs qui ont étalés des bâches remplies d’eau et de liquide vaisselle dans la pente, de regarder un type se faire emballer dans du cellophane, ou deux autres qui pètent une bouteille de champagne dans une tente choisie au hasard en pleine nuit. De te faire dessiner dessus au campement : « Troc’tatoo : un tatouage contre ce que tu veux ».
• Si t’as envie de retrouver des gens que t’avais pas vu depuis dix ans, putain ouais si t’as juste envie de passer du temps avec des gens qu’il est si bon de revoir, VIENS AUX DÉCIBULLES

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LE SITE DU FESTIVAL.

A un moment, on abandonne le campement, pour aller sur le site, qui plaît toujours beaucoup aux festivaliers, par cette impression de jardin d’Eden, qu’il renvoit. Entouré de montagnes, on se balade dans le creux de cette vallée perdue en pleine nature et on s’y sent bien. Les belles installations mises en place chaque année par les organisateurs, telles que les lumières et la canopée, offrent un aspect poétique, à ce site qui a réuni 27 000 festivaliers cette année.
La programmation comme d’habitude très éclectique, a permis d’assister aux concerts d’artistes connus tout comme de faire de nouvelles découvertes. Carpenter Brut, Ultra Vomit, Gaël Faye, Hyphen Hyphen, Hungry 5, Catherine Ringer et bien d’autres, ont fait vibré la foule pendant ces trois jours. Les festivaliers ont pu déambuler de la grande scène, au Kiosque, nouvelle scène mise en place, pour combler les entractes d’impromptus musicaux. Chaque soirée s’est conclue par un feu d’artifice.

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Le site des Décibulles ressemble à un petit village, avec ses bars aux noms familiers, « Chez Régine », « Chez Gilles », ses petits stands de restauration, et le nouveau stand de liqueurs et de bières artisanales qui a connu une belle fréquentation. On se sent chez soi, et parfois ailleurs lorsqu’on croise des licornes, des cigognes géantes, des bavarois, des indiens ou un mec sur Yochi. Mention spéciale au jeune homme à la visière qui m’a eu environ 30 fois, en me disant : « t’as perdu quelque chose… » jusqu’à ce que je baisse la tête pour regarder avant d’ajouter : « du temps… ».

Bref, les Décibulles, c’est trois jours où tu remplis ton gosier de bières, tes bras de câlins, ton visage de sourires, et ta tête d’anecdotes et de souvenirs.
D’ailleurs, on est allé à la rencontre de quelques artistes pour leur demander de nous raconter leurs anecdotes de festival.

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Hungry 5, Hyphen Hyphen et Carpenter Brut : Leurs anecdotes et leur affiche de festival idéal.

J’ai durant ces trois jours pu rencontrer des groupes aussi sympas les uns que les autres.
L’interview à 23 h avec Hungry 5 alors que j’étais au camping depuis 14 h à picoler restera je pense gravé dans leurs mémoires, Hyphen Hyphen quant à eux avaient tout autant envie de boire que moi, et j’ai passé 1h30 posée dehors avec Carpenter Brut et Sophie la photographe, à blablater alors que l’interview était terminée depuis bien longtemps.
Malgré leurs styles différents, un point est bien commun à ses trois groupes : ils sont restés simples et modestes.
Lorsque je leur ai demandé de me raconter une de leurs anecdotes de festival Hyphen Hyphen n’a pas hésité à balancer :

– Pour l’anniversaire d’Adam, on était complètement ivres et on l’a attaché sur le toit du van de tournée avec du strap. On a commencé à rouler, ça n’a pas bien tenu, du coup il a glissé sur le pare-brise, il se tenait aux essuies-glaces. C’est dangereux en fait, on était un peu cons.
– À ne pas reproduire donc ?
– Si à reproduire mais avec du meilleur scotch.

La même question posée à Hungry 5 a provoqué le rire des trois garçons, et Anthony a commencé à parler de Joachim et d’une histoire de trois pintes de whisky pur bues lors d’un live dont vous ne saurez pas le fin mot de l’histoire. Aussi la conclusion a été : « On a plein d’anecdotes de festival, les coups d’éclats ont souvent comme protagoniste principal Joachim, mais ne sont pas racontables ». Leur manager nous a cependant confié qu’il y a deux semaines de ça, les garçons se sont rendus compte au moment où ils devaient balancer leur show sur scène , que celui-ci n’avait pas été installé sur l’ordinateur. Gros moment de solitude.

Problème technique pour Carpenter Brut également qui a perdu tout son matos sur la route, lorsque les portes du van technique se sont ouvertes en plein trajet.

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Nous leur avons ensuite demandé de nous parler de leur festival idéal, de la manière dont ils l’organiseraient et des artistes qu’ils programmeraient :

Joachim Pastor : -Bah moi ce ne serait que des chanteurs morts : Le festival des groupes décédés, Cimetière festival. Pink Floyd, Georges Brassens, Django Rheinardt et Wolfgang Amadeus Mozart.

N’to : – Moi ce serait John Williams, Hans Zimmer et Mendelson.

Worackls : – Queen et Sonata arctica.

Carpenter Brut : – Ce serait un festival éclectique qui ressemblerait à mes goûts, du coup je pense qu’on se planterait. (rires). Il y aurait une belle scénographie, Depeche mode, Royal blood, un petit Mecha, si je fais venir les groupes que j’aime. La scène électro je ne connais pas trop mais si je pouvais avoir Justice quand même ça me plairait et un petit John Carpenter. Il y aurait mes influences finalement ce serait un peu mon anniversaire. Ah et il y aurait des toilettes sèches, c’est pas mal ça ! Et ici aux Décibulles, ils servent de la 8.6 et ça c’est pas bien, moi y aurait pas de 8.6 .
Pour le nom du festival faudra que tu reviennes plus tard, ça se trouve pas comme ça. Tu crois qu’ils ont claqué des doigts et qu’ils ont trouvé Décibulles?
-Bah c’est pas bien compliqué, c’est comme les noms de coiffeurs.
-Bon attend alors je réfléchis, bah voilà je le ferais dans le Val de Marne et ça s’appellerait le Festi’Val, c’est bien nul ça quand même non ?

Hyphen Hyphen:

– Alors nous ce serait dans le sud de la France car il y a très peu de festivals dans le sud. On l’organiserait sur toute la promenade des Anglais, il y’aurait entre 15 000 et 35 000 personnes.
On y inviterait Kanye West, The Wknd, David byrne qui reformerait les Talking Heads juste pour l’occasion, Rod stewart, 070 shake, Sigrid, Miguel, Post malonequi viendrait faire un truc avecRod Stewart et Tina Turner mais Tina Turner jeune, et un artiste local : Nous. (rires)

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Après ces trois jours, forts en émotions, ces retrouvailles entre amis, ces fous rires, ces moments de tendresse, ces éclats de vie, ces rencontres d’artistes passionnés et passionnants, je conclurais mon article par cette phrase que m’a dite Santa d’Hyphen Hyphen : « Un festival qui nous a marqué c’était Les Vieilles Charrues, au lendemain des attentats de Nice, à un moment où on avait besoin de chaleur, ils nous a réconcilié avec l’espoir»
Les festivals ne sont pas seulement des représentations musicales, c’est le rassemblement de gens venus là par amour de l’art, amour des autres, et désir de partager et d’engendrer de la beauté tous ensemble.

À l’année prochaine, Décibulles et MERCI.

>>> EMMA SCHNEIDER <<<